« Rien ne nous appartient, sinon les lubies de nos dix-sept ans. Nous les tenons en respect. Profitons un maximum de nos derniers mois de sursis avant la chute dans la majorité. Ce serait fâcheux, d'attraper trop tôt le sens des réalités. Désordre épidémique qui laisse des séquelles irréversibles, dont la plus répugnante est l'idolâtrie de l'enfance. Ce trou noir de la liaison absolue, aux parents, à la maison, au port qui sent le poisson pourri. Il ne se trouve que des majeurs parfaitement pervers pour se délecter de leurs souvenirs de morveux.
La réalité ne suffit pas. Sarah et moi fuirons son sens. Et les vestiges gluants de notre enfance. Bref, Québec. »
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Québec, début des années 2000. Anna rencontre Sarah. Anna nage, observe, rêve d’ailleurs; Sarah lit, bavarde, théorise. La première souffre d’une rare affection aux poumons ; la seconde nourrit une fascination étrange pour la première. Une affection rare est l’histoire d’une passion amicale qui tourne à l’obsession.
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Entre la véhémence d’un Thomas Bernhard et la langueur émotive d'une Marguerite Duras, Catherine Lemieux propose un premier roman maîtrisé, provocant, dont nous n'oublierons jamais les héroïnes.