Il y a bien sûr une volonté de provocation en appelant des penseur(e)s à se regrouper autour d’un genre qui en serait un malgré tout, malgré des siècles de métaphysique. Il y a quelque folie à vouloir ainsi aménager un temps d’échanges et de réflexions sur l’insistance (la présence ou même l’absence) de la différence sexuelle dans l’écriture, mais aussi dans les différents champs de l’art, de la création et de la pensée (philosophie, psychanalyse, théorie littéraire). Mais il y a surtout la demande de penser le « malgré », de réfléchir sur cette prothèse adjointe à l’énoncé formulé : « Un certain genre » qui n’a pas besoin du « malgré tout » pour avancer ses différences et ses propres incohérences, ses paradoxes. Dans le « malgré tout », s’inscrit le manque même du genre (quel qu’il soit) et subsiste le désir mégalomane, enfantin pour ne pas dire infantile, de refaire la parade de la différence sexuelle sur laquelle fonctionnent encore le pouvoir, les institutions et les pensées, quoi qu’ils prétendent.
Les questions que nous posons sont vastes et placent d’avance le féminin comme porteur de la différence : qu’est-ce qui donne à l’écriture un genre, un timbre, un ton ou encore une teinte féminine ? et comment penser les mots, les métaphores qui travaillent et creusent nos conceptions d’une sexuation de l’écriture ?
Avec des textes de : Isabelle Décarie, Martine Delvaux, Madeleine Gagnon, Simon Harel, Barbara Havercroft, Marie-Pascale Huglo, Véronique Lane, Évelyne Ledoux-Beaugrand, Claude Lévesque, Stéphane Martelly, Catherine Mavrikakis, Ginette Michaud, Lianne Moyes, Andrea Oberhuber, Christine Palmiéri, Patrick Poirier, Éric Savoy et Gail Scott.