Nouvelle édition de cet «essai marquant de la décennie» (Joseph Thévenin), paru à l’origine en 1996, augmentée de deux chapitres («Pour une littérature postplantationnaire» et «Tombeaux»), ainsi que d’une préface. À sa parution, Théories Caraïbes s’était mérité le Prix de la Société des écrivains canadiens et le Prix de la Renaissance française.
Théorie, du grec theôria : action de voyager et mouvement des idées sont à l’origine un seul mot dans la langue. Questionnant le corpus des écrivains de la migration caraïbe en France et en Amérique du Nord, cette suite d’essai propose une intelligence de l’appropriation de l’espace continental par les écrivains originaires de l’archipel. Qu’est-ce que la littérature postnationale ? Que devient la notion de territoire ? D’où vient le désir de l’hiver ? Joël Des Rosiers part sur les traces des écrivains qui participent au processus périlleux et interminable de la décolonisation culturelle.
« J'appelle théories caraïbes les groupes d'hommes en larmes, nègres marrons affolés d'amour qui, d'une rive à l'autre, jettent leur langue nationale dans l'eau salée, dans la bouche ouverte, sans fond, de l'abysse. “Voilà notre patrie”, disent-ils, dans le patois des colonies. »