La poésie moderne s’est caractérisée notamment par le désir des écrivains d’accorder un sens à leur existence, qui se définit en partie par ses rapports extérieurs. Leurs poèmes interrogent souvent la relation entre le langage et l’espace, en explorant les ressorts de la thématique et ceux de la composition visuelle. Si certaines œuvres donnent l’impression d’avoir privilégié l’une ou l’autre de ces avenues, il demeure difficile de dissocier celles-ci complètement, ou d’étudier l’une sans tenir compte de l’autre. Le présent ouvrage vise à analyser la spatialité textuelle, qui désigne le réseau de relations sémantiques spatiales dans un poème, et à montrer la solidarité entre diverses composantes (lexique, syntaxe, énonciation, disposition visuelle et typographie).
En examinant trois œuvres poétiques majeures – Diminution d’une pièce de Gilles Cyr (1983), La trame inhabitée de la lumière de Jean Laude (1989) et Mezza voce d’Anne-Marie Albiach (1984) –, ce livre propose une approche analytique des représentations de l’espace, qui peut être adaptée à d’autres œuvres poétiques modernes ou contemporaines. Les lecteurs de cette étude constateront comment la spatialité textuelle s’appuie essentiellement sur les possibilités de segmenter et de regrouper la parole afin d’exprimer un rapport singulier à l’espace.