Lauréat du prix de littérature Gérald-Godin de la Ville de Trois-Rivières

Mathieu, sept ans, est l’aîné d’une famille de quatre enfants. Avec une mère velléitaire et catholique et un père impulsif et artiste, il habite sa famille qui est tantôt tableau, tantôt toile d’araignée, tantôt cellule. Au cours de cet été, intenses bonheurs et petites querelles, incidents banals et scènes sanglantes, petits plaisirs quotidiens et colères gigantesques se succèdent, car même dans les meilleures familles, il peut y avoir des déchirures, des prisonniers qui disparaissent.

[extrait]

Quand tu approcheras de la maison, pour savoir si c’est la bonne, tu n’as qu’à écouter, il y aura des cris : c’est Marc et Luc qui se chamaillent. Tu entendras aussi sûrement gueuler : c’est Jean, le bébé, qui tient les corneilles loin de la maison avec ses pleurs à tout casser. Tu entendras peut-être aussi dans tout ce vacarme une voix de papillon, celle de maman, qui vole du mieux qu’elle peut dans la maison. Et si tu n’entends rien, Lucien, si c’est le silence grand comme le ciel dans la maison blanche où il y a deux 7 au-dessus de la boîte aux lettres, c’est papa que tu entends. Ou peut-être le fantôme de papa. En tout cas, si tu entends tous ces bruits et ces voix-là, tu es à la bonne place, Lucien. Entre là sans frapper et dis à la dame papillon que je suis coincé ici dans une grande main invisible qui me serre la gorge…