On écrit une lettre pour s’excuser, pour avouer, pour faire une requête, ou par amitié, par besoin d’être en dialogue avec autrui. Écrire une lettre, c’est souvent exposer ses pensées, parler de soi : la lettre devient alors un espace où s’expriment le regret, les souvenirs, les désirs, les secrets. De par sa nature intime, le genre épistolaire est lié à l’idée du risque et du regret : risque de la confession, risque de se compromettre, regret de s’exposer, regret de la mémoire. Parfois, c'est la situation où se trouve l'épistolier qui est, elle-même, synonyme de risque, que l'on pense à l'éloignement causé par l'exil ou aux souffrances de la maladie ou de la blessure; parfois, le regret est symbolique de l'absence ou d'actes manqués. Qu’en est-il de l’usage de la correspondance chez les écrivains et les artistes depuis la fin du xixe siècle ? Comment perçoivent-ils l’écriture de la lettre ?
Ce volume présente dix études fascinantes sur les risques et les regretes de l'écriture épistolaire à l'époque moderne et contemporaine. Les auteurs ont creusé la question en se penchant sur les lettres d’exil d’Émile Zola et de Camille Claudel, sur la présence de l’épistolaire dans l’œuvre d’Amélie Nothomb et d’Emmanuel Carrère, sur la correspondance à sens unique (lettres anonymes, fantomatiques, ouvertes et intérieures) chez Arnaud Desplechin, Sophie Calle, François Emmanuel et Annie Ernaux.