En réfléchissant un peu, nous devons conclure que nous aboutissons plus fréquemment à de mauvaises questions qu’à de bonnes réponses. C’est que les problèmes philosophiques sont trop denses et l’aversion que nous éprouvons face au doute nous fait souvent choisir des simulacres de vérité. Ces problèmes ne peuvent être traversés qu’en s’y perdant par moment, comme on tourne en rond dans la forêt, comme on tourne longtemps la laine d’acier pour décaper un vieux meuble. On se laisse impressionner à tort par les formes en traité, en exposé cohérent, qui pensent résoudre un problème par la seule autorité de leur présentation structurée. Vaut mieux s’inoculer le désordre et se faire des anticorps contre les faux-plis, les crampes, les crispations du crâne, et laisser la clarté, d’elle-même, apparaître une fois dissoutes les pensées opaques.