Depuis les années 1980, les romancières québécoises sont de plus en plus nombreuses à «prêter la voix» à un protagoniste masculin. Que signifie cette nouvelle tendance? Quel rôle les romancières attribuent-elles aux hommes dans leurs textes? À l’aide d’un vaste corpus romanesque où des œuvres d’Anne Hébert, de Suzanne Jacob, de Monique Proulx et de Monique LaRue occupent une place privilégiée, Katri Suhonen montre avec brio que ces textes interrogent d’une manière inédite le masculin, mais aussi, par ricochet, le féminin. L’auteure met également en évidence le fait que ces œuvres ouvrent des brèches dans les identités sexuelles figées et que cet intérêt pour la perspective masculine est le signe d’une nouvelle conception subversive des rapports entre les sexes. En ce sens, Prêter la voix ouvre de nouvelles pistes de réflexion à la critique féministe.