Lauréat du Prix du livre insulaire de Ouessant, catégorie Poésie
Dans une langue finement travaillée où rythmes et sens s'accouplent et se télescopent sur plusieurs registres, ce livre interpelle la figure emblématique d'Angélique, négresse esclave et rebelle qui, en 1734, fut accusée d'avoir incendié Montréal et pendue au terme du plus important procès tenu sous le régime français en Nouvelle-France. De Barcelone à Montréal, de Jacmel à Pondichery en passant par la Corse, le poète revisite à sa manière l'oblitération historique de cette femme mythique et, avec humour et autodérision, l'histoire mémorielle de ses aïeuls. Il nous invite à voir, dans le plissement musiqué du poème en prose, une originale métaphore de la géographie des corps souffrants et morcelés comme lecture de nos passions, sorte de grammaire du désir, de l'absence et des migrations urbaines modernes.
toutes marges ourlées au front de mer moquant la houle
qui vrombit en ses crêtes ses cathédrales raillant aussi les
amulettes grosses de présages à refaire sans doute en vain
le tour des mappemondes je reviens vers mon quai d’attache
arceau lové à geste comptée tu sais si j’ai traversé bien des
frontières c’est qu’on les disait interdites de séjour à la soif
des rétines et mon ultime voyage vers moi vers cette île
banquise que je porte dans ma tête aura été tracé
par décours de mes lampes