Berrouët-Oriol, Robert, Poème du décours, Éditions Triptyque, t-poésie, 2010, 93 p. Prix : 16 $ ISBN : 978-2-89031-671-3 Lauréat du Prix du livre insulaire de Ouessant, catégorie Poésie Dans une langue finement travaillée où rythmes et sens s'accouplent et se télescopent sur plusieurs registres, ce livre interpelle la figure emblématique d'Angélique, négresse esclave et rebelle qui, en 1734, fut accusée d'avoir incendié Montréal et pendue au terme du plus important procès tenu sous le régime français en Nouvelle-France. De Barcelone à Montréal, de Jacmel à Pondichery en passant par la Corse, le poète revisite à sa manière l'oblitération historique de cette femme mythique et, avec humour et autodérision, l'histoire mémorielle de ses aïeuls. Il nous invite à voir, dans le plissement musiqué du poème en prose, une originale métaphore de la géographie des corps souffrants et morcelés comme lecture de nos passions, sorte de grammaire du désir, de l'absence et des migrations urbaines modernes. toutes marges ourlées au front de mer moquant la houlequi vrombit en ses crêtes ses cathédrales raillant aussi lesamulettes grosses de présages à refaire sans doute en vainle tour des mappemondes je reviens vers mon quai d’attachearceau lové à geste comptée tu sais si j’ai traversé bien desfrontières c’est qu’on les disait interdites de séjour à la soifdes rétines et mon ultime voyage vers moi vers cette îlebanquise que je porte dans ma tête aura été tracépar décours de mes lampes