Lauréat du prix MLA for Independent Scholars 2014
Joël Des Rosiers écrivait dans Théories caraïbes que «chaque écrivain, aux prises avec sa propre mythologie, œuvre pour forger des espaces postnationaux au sein du mouvement général des peuples». Il nomma ces espaces «métasporiques au lieu de diasporiques : à partir des contradictions liées à l’origine, au sexe, à la différence». Ayant la conviction que le vocable « diaspora » était quelque peu galvaudé, Des Rosiers a ressenti la nécessité de proposer dans différentes conférences depuis une dizaine d’années le terme « métaspora ».
L’auteur poursuit ici sa réflexion en rassemblant des textes qui cherchent à accréditer l’idée que l’écrivain enrichit son intimité avec les lieux où il vit et où il a vécu, tout en gardant une conscience aiguë de sa condition itinérante. Lieux, visages, objets : autant de patries intimes qu’il transporte partout avec lui. C’est ce mouvement d’espérance en la primauté du voyage qui les conduit, ses contemporains et lui, à se constituer en métaspora, c’est-à-dire à devenir les cosmopolites de leur propre culture, les étrangers à leur propre nation. Le voyage, en plus d’être une expérience du don et de l’émotion, est aussi une catégorie esthétique, un emblème du Beau.