Tout a commencé par un regard, l’histoire est éternelle. Dans le cas présent, lui était au balcon, elle passait dans la rue. Il avait 32 ans et était écrivain déjà connu. Paralysé, il était confiné à sa chambre. Lorsqu’il faisait beau, on poussait sa chaise roulante sur le balcon. Elle allait avoir 18 ans et revenait de ses cours avec ses camarades, riant à la vie, et lançant des œillades au beau poète. Lui, suivait des yeux ces apparitions charmantes.
Il s’appelait Albert Lozeau. Il est l’auteur de deux des recueils de poèmes les plus importants de la littérature québécoise : L’âme solitaire (1907) et Le miroir des jours (1912).
Elle s’appelait Marie-Antoinette Tardif. Sous le pseudonyme de Michelle Le Normand, elle deviendra journaliste et romancière, auteure entre autres de La plus belle chose au monde (1937).
La correspondance qui est reprise dans ce livre est intime et littéraire. Elle est de la plume experte d’Albert Lozeau. Ces lettres nous démontrent une âme sensible, mais aussi elles nous rendent la couleur d’une belle époque dans un Montréal qui avait tant de charme. A la lecture de ces lettres, nous nous croirions revenus sur un balcon de la rue Laval, tout près du Square Saint-Louis.
Texte édité par Michel Lemaire.