Ce sont des lettres d’amour qu’un homme adresse à une femme. Il a cru la rencontrer à Paris. Puis à Cayenne. Ou encore dans les livres qu’il écrit. Seule cette irradiation que propage l’écriture, en enchaînant les lettres à leur office le plus sacré, est capable de faire remonter les êtres aimés. Ne sont-elles pas composées pour provoquer leur mutation la plus essentielle, jusqu’à ce que nous les reconnaissions, à la surface des lignes écrites, comme notre part la plus intime?
Cette liberté que donne l’amour, si prodigieusement déposée dans la vie d’une femme, comme toute chose indigène, ne s’obtient qu’au prix du plus grand dépouillement. Investi des forces suppliantes de l’amour, l’écrivain, pour nommer les choses avant qu’elles ne s’éteignent, fait présent de ces lettres à l’Indigène.
Comment survivrai-je désormais à la beauté de vos phrases?
Comment vivrai-je maintenant que vous m’avez réduit à peu de chose, digne seulement de vous lire, maintenant que vous errez sans entrave dans la possibilité de la langue.