Depuis la fin des années 1990, le concept de «filiation» a été fréquemment utilisé au sein de la critique littéraire francophone, surtout en France et au Québec, pour décrire une tendance de la littérature contemporaine, le récit ou le texte dit de filiation. En quelque sorte condamné à interroger son héritage, l’écrivain contemporain mettrait en scène des personnages d’héritiers qui tentent de se réapproprier un passé difficilement ou mal transmis et qui ne disposent que rarement des repères nécessaires pour appréhender celui-ci sans sombrer dans la mélancolie ou le désarroi profond. Revisiter les maîtres littéraires ne saurait conduire l’écrivain contemporain à s’inscrire dans des lignées tout à fait imprévues: s’inventer des modèles à partir d’un programme défini ne semble guère à la portée de celui qui n’a pas l’assurance suffisante pour parler en son nom propre.
Cet ouvrage propose de reconsidérer les schémas qui orientent souvent le discours récent sur la filiation et l’héritage à partir d’un cas de figure précis: celui de l’appropriation productive de textes qui appartiennent à une tradition éloignée. Le corpus à l’étude est constitué de romans, de nouvelles et de recueils de poèmes québécois parus entre 1989 et 2011, qui proposent un dialogue intertextuel et/ou hypertextuel avec les œuvres de Thomas Bernhard et de Peter Handke.
Disponible dans toutes les bonnes librairies près de chez vous le 3 février 2021.