Selon le théoricien Jean-Claude Michéa l’anarchisme tory est une « forme de sensibilité » dont la pertinence tient à ce qu’elle prend à revers les principaux paramètres de l’idéologie individualiste, libérale ou néolibérale, dominante dans nos sociétés. Loin d’être circonscrite aux élites, économiques, politiques ou médiatiques, une telle idéologie a pénétré profondément dans les milieux dits progressistes, dans la mesure où plus que de mettre en scène une conception séduisante de la liberté, elle se présente comme rien de moins que l’accomplissement vrai de celle-ci. La liberté, suivant cette conception, est en effet censée être « auto-fondée », c’est-à-dire indépendante de quelque condition que ce soit. Par-delà ce qui peut les différencier, tous les auteurs discutés dans ce recueil ont en commun de récuser une telle conception, puisqu’ils estiment que la liberté a des « racines », plus précisément qu’elle suppose des conditions qui la rendent possible (des « conditions transcendantales ») et dont il importe de se montrer soucieux si l’on veut qu’elle conserve son sens.
Si l’on pose que dans « anarchisme tory », le terme anarchisme renvoie à la liberté, tory renverrait alors au souci des conditions objectives qui la rendent possible. C’est du moins ce qu'expliquent les auteurs ici réunis.
Avec des textes de Benoît Coutu, Julia David, Gilles Labelle, Éric Martin, Jean-Claude Michéa, Minh Nguyen, Maxime Ouellet, Julie Paquette, Pierre Prades, Stéphane Vibert et Rémi de Villeneuve.