Finaliste du prix Jacques-Brossard de la corporation Passeport pour l'imaginaire de Québec
Retirée du monde dans une bicoque près de la mer, Ma, une vieille tisserande, reçoit la visite d’un vieil homme atteint d’une rage de dent. Ébranlée par cette nouvelle présence, Ma consent à héberger l’inconnu à condition qu’il parte le jour où elle terminera la pièce qu’elle est en train de tisser. Entre temps, celui-ci découvre Cairn, un village portuaire, et en rapporte des histoires fascinantes, lumineuses et cruelles.
Le ton de l’écriture, la construction narrative et les personnages troublants du livre trouvent résonnance dans notre monde contemporain obsédé par le corps et le temps. La porosité des frontières entre le réel et l’irréel, ainsi que les allusions à des récits mythiques, renvoient à ce no man’s land temporel que nous essayons tous d’organiser, à cette quête du sens qui est aussi une quête du fil de l’histoire.
[extrait]
La peau lisse, les joues roses, un peu dodues. Son odeur, même, rappelait celle des nourrissons. On avait dit de lui qu’il était miraculé. Les gens de Cairn savent bien que les enfants peuvent nager très tôt, sans y avoir été initiés. Mais l’Enfant Mariné était resté dans la cuve des heures avant que la Poisseuse ne l’y découvre. Il flottait à la surface, le front plissé et les yeux ouverts, rougis par l’eau salée. On crut à ce moment que ce triste épisode ne lui avait rien laissé d’autre qu’un coup de soleil au visage, et on s’empressa de le traiter. Il passa les premiers jours de sa vie chez Palu, au milieu des bruits de la seule auberge du village et, un après l’autre, les habitants de Cairn se penchèrent sur lui.