Premier recueil de Amélie Hébert, Les grandes surfaces explorent, en résonnance avec la poésie de Geneviève Desrosiers et de Marie Uguay, le rapport de la poète avec la ville, qu’elle tente de circonscrire dans de courts textes, pulsés par ses propres interrogations à l’endroit de ses origines mais aussi de son avenir. Les thèmes de la solitude, de l’amour, de la réciprocité mais aussi une certaine dérision sont abordés par l’entremise d’une parole simple, presque prosaïque, parfois ironique et pourtant non dénuée d’un lyrisme sûr, très assumé.
Dans son livre, c’est non seulement sa vision de Montréal que propose Hébert, mais aussi une lumière nouvelle qu’elle jette sur cette dernière, nous incitant à circuler et à revisiter ses grandes artères comme ses banlieues, et à les envisager sous un angle et avec un regard inédits.
*
bruxelles
les noms de la carte
comme une poignée de billes
répandues sur le trottoir
je compare leurs couleurs
cette flamme qui brille
à l’intérieur du verre
une à une
je les pose sur ma langue
les promène dans ma bouche
sur le quai du train
je les laisse rouler
de mon palais jusqu’au sol
je recrache nos corps étrangers
entremêle les pas
et tisse des nœuds