Invisible, énigmatique et fatal, le temps se dérobe autant à nos sens et à notre intelligence qu'à notre pouvoir. Nous ne l'appréhendons qu'indirectement, dans les traces qu'il laisse sur nous et les choses, dans les phénomènes mobiles comme la musique ou la danse, ou encore à l'aide des instruments de mesure, ainsi que des figurations qu'en donnent nos images et nos discours.
Le présent ouvrage explore l'hypothèse selon laquelle la littérature est un lieu privilégié pour éprouver et penser le temps, parce qu'elle le structure et le représente dans une organisation complexe, qui est à la fois sensible et signifiante. Elle ne se contente pas de dire le temps de manière explicite, elle le construit et le figure de multiples façons, notamment par l'intrigue et les structures narratives, la grammaire des verbes, les actes de parole et le rythme. On essaie de voir ici comment ces divers éléments, bien qu'hétérogènes, peuvent, dans les textes, interagir – s'entrecroiser et s'enchevêtrer telles les lignes et motifs d'un entrelacs.