Rina Lasnier, qui a inspiré le titre de cet ouvrage, avait coutume d’aller s’asseoir sur un petit banc de bois où elle rêvait et méditait devant le paysage qui s’offrait à elle. Il a plu à l’auteur de le lui emprunter pour suggérer moins un système qu’une attitude qui consiste, d’une part, à laisser la rêverie élargir la lecture et, d’autre part, à soumettre les œuvres au test du monde extérieur. Jean-Pierre Issenhuth croit que « la moindre réalité vivante est supérieure à toute littérature » et que celle-ci n’a de valeur que si elle s’efforce de réduire cet écart, tout en sachant qu’elle ne pourra jamais l’abolir puisque la réalité elle-même est tendue entre le visible et l’invisible. « Ça passe ou ça casse », selon que l’œuvre lui parvienne « détachée de la vie ou mêlée aux bruits du monde », dit le critique qui assume totalement ses choix de franc-tireur. Nées d’une telle exigence, à une époque où la littérature avait tendance à s’idolâtrer, les « lectures libres » de Jean-Pierre Issenhuth redonnent leur sens aux mots, celui d’être des chemins qui conduisent au plus près des êtres et des choses.
Les textes du Petit banc de bois ont été choisis par l’auteur parmi ceux qu’il a écrits pour Liberté, Le Devoir et Le Beffroi, entre 1985 et 1999.