Mise en doute par certains et considérée comme allant de soi par d’autres, la spécificité de l’écriture au féminin est au cœur de nombreux débats. Dans Le nom de la mère, Lori Saint-Martin prend parti et propose une explication éprouvée, inspirée de la théorie littéraire et de la psychanalyse féministe : le rapport mère-fille, pivot de l’identité des femmes, est tout aussi déterminant pour leurs écrits. Loin d’être un simple thème, cette relation passionnelle et ambivalente, traversée de ruptures et de rapprochements, de violence et de tendresse, imprime aux textes de femmes – de manière variable selon les auteures et les époques – leur forme caractéristique, des structures narratives aux tournures syntaxiques en passant par les rythmes et les métaphores. Des terribles mères fictives qui tuent leurs enfants ou sont tuées par eux à celles qui, de nos jours, inventent la poésie du corps gravide et du quotidien mère-fille, on voit naître un timide mais tenace espoir. Source, il n’y a pas si longtemps, de l’oppression des femmes, la maternité devient ici le fondement d’une réflexion féministe nouvelle. Un essai subtil, provocant et tout à fait actuel.