« Depuis vingt ans déjà, je m’interroge sur la spécificité de l’imaginaire québécois », écrit Maurice Lemire. Comment, par exemple, des Européens transplantés en Amérique sont-ils parvenus à se constituer un imaginaire en rapport avec leur nouvelle réalité ? Pour répondre à cette question, Maurice Lemire réunit en volume une dizaine de textes qui ont comme point de convergence les rapports entre le réel et l’imaginaire.
Tout commencerait avec les écrits des premiers explorateurs et voyageurs en Amérique, qui décrivent la réalité du Nouveau Monde. Puis, au XIXe siècle, des Canadiens lettrés prennent la parole et livrent leur vision du monde ainsi que leur projet de société, calqué sur l’actualité européenne. Puis viennent les insoumis, les nomades et les voyageurs qui reviennent des Pays-d’en-Haut. Avec l’affabulation du conte et de la légende, l’imagination populaire entre timidement dans la littérature et vient alors la « poétisation de l’espace » canadien-français…
Tout au long de cet ouvrage, Maurice Lemire démontre que ce sont les écrivains qui sont les véritables détenteurs de pouvoir dans une société en voie de constitution, parce qu’ils orientent l’opinion publique. L’imaginaire littéraire, tout miroir « déformant » soit-il, devient alors un instrument par lequel un peuple se reconnaît.