Le moment critique de la fiction. Les interprétations de la littérature que proposent les fictions québécoises contemporaines

La critique ne se borne pas aux textes dûment regroupés sous cette dénomination: elle est partout dans la littérature, et au premier chef dans les œuvres. La production littéraire contemporaine offre d’ailleurs maints exemples de textes qui fictionnalisent l’activité critique et, plus largement, interprétative. Jamais, depuis le XVIIIe siècle, les fictions de manuscrits apocryphes, de traductions lacunaires ou infidèles, de biographies plus ou moins libres et d’énigmes littéraires en tous genres n’ont autant pullulé que de nos jours.

C’est à de telles œuvres au caractère herméneutique affiché que s’attache cet ouvrage, dans la perspective d’une étude de la littérature de fiction en tant que point de vue sur la littérature. Il s’agit d’envisager la fiction comme foyer d’interprétation du corpus littéraire, comme genre (de la) critique. Dans des textes d’écrivains comme Jacques Brault, Monique LaRue, Nicole Brossard, Normand Chaurette, Victor-Lévy Beaulieu, Gérard Bessette et Rober Racine, qui placent le commentaire au cœur de leur intrigue, Robert Dion observe comment le rapport interprétatif pourrait, à côté des rapports intertextuels et hypertextuels, enrichir la gamme des relations que sont susceptibles d’établir entre elles les œuvres littéraires.