Le fantasme d’Escanaba

Paré, François, Le fantasme d’Escanaba, Éditions Nota bene, Fonds (sciences humaines), 2007, 192 p.
Prix : 21,95 $
ISBN : 978-2-89518-230-6

Dans la culture, l’espace naît. Non pas seulement comme un signe variable que l’on pourrait apprendre et désapprendre au rythme de nos voyages et de nos rencontres individuelles, mais comme le fondement même d’une sorte d’itinérance que nous préservons coûte que coûte et qui structure notre insertion dans les collectivités incertaines avec lesquelles nous choisissons de faire corps. C’est en vertu de cette itinérance que certaines cultures minorisées conçoivent leur espace particulier, comme si, coupées de la permanence institutionnelle, ces cultures en projet ne pouvaient compter que sur le déploiement d’un territoire imaginaire. Toutes les relations qu’elles entretiennent avec l’altérité sont ainsi façonnées par les lieux de passage qu’elles abritent et qu’elles nourrissent. Tels sont donc les teintes et les paysages de ce livre singulier. Au Québec et au Canada français, un hors-champ, en périphérie de la mémoire commune, a marqué les individus dans leurs activités quotidiennes et dans leurs pratiques langagières, et il n’a cessé de façonner, au gré des espaces en déplacement, les figures collectives de l’identité. Au milieu du XIXe siècle et ensuite sur plus d’un siècle de mouvance migratoire un peu partout sur ce continent, le fantasme d’Escanaba a permis la fracture de l’exiguïté québécoise. À même le grand risque de l’itinérance s’est alors dessinée la pleine appartenance du Québec à l’américanité au sens fort.