Quelle signification doit-on accorder au fait que des écrivaines de générations et d’origines diverses, aux prises avec les démons de la dépression, aient toutes été conduites à utiliser, pour exprimer une douleur qu’elles refusaient de taire, des images de guerre et d’oppression totalitaire ? Les forces violentes qui cherchèrent à briser la vie intérieure de Sylvia Plath (1932-1963), d’Ingeborg Bachmann (1926-1973), de Sarah Kane (1971-1999) et de Nelly Arcan (1973-2009) n’étaient pas sans rapport avec celles qui ont bouleversé l’histoire de l’humanité, qui secouent encore son actualité et font du monde un « lieu de danger de mort permanent », pour les femmes tout particulièrement.
C’est tout à la fois quatre esprits créateurs et un état du monde que Jacques Beaudry dévoile dans des face-à-face où le tutoiement ramène Sylvia, Ingeborg, Sarah et Nelly parmi les vivants.