Le 1er janvier 1979, au petit matin, un couple se sépare sur le coin d’une rue à Montréal. Ils ne se connaissent que depuis quelques heures. Ils se sont rencontrés la veille, par hasard. Ils ont passé la journée et la nuit du 31 décembre ensemble. Elle a pris un avion qui l’a ramenée chez elle à Paris où l’attendent sa vie et son mari. Il a pris une photo du coin de rue puis il a marché jusque chez lui. Pendant des mois il lui écrit presque quotidiennement des lettres d’amour. Il retourne aussi quelques fois sur « leur » coin de rue et prend une photo. Ses réponses à elle ne nous sont pas parvenues. Elle s’appelle Agnès. L’immense et amer Atlantique les sépare.
[extrait]
Ton avion est sans doute sur le point de se poser. Tu nages dans des remugles de demi-sommeils et de promiscuité pressurisée. Quand j’aurai posté cette lettre et cette photo, tu seras chez toi. Quant à moi, je pourrai peut-être aborder une plage de sommeil et croire le temps d’un rêve que tu n’es pas un rêve. (1er janvier)