Voilà un peu plus sept années que la communauté internationale tente de remettre l’Afghanistan sur pied. L’effort est laborieux et les résultats, mitigés. Et pour cause. La complexité du pays des Pachtounes met les puissances étrangères à rude épreuve. Jamais conquis depuis 1747, les Afghans ont repoussé à trois reprises les forces impériales anglaises, de même que les 110 000 soldats de l’Armée rouge. Alors comment, cette fois-ci, les soldats étrangers pourront-ils venir à bout des insurgés? Est-ce seulement possible? Le tissu social afghan est aussi traversé par de nombreuses lignes de faille confessionnelles et ethniques. Qu’en est-il? Est-ce là un obstacle à l’État de droit? La démocratie peut-elle y prendre racine? Enfin, tout semble compromis par l’interférence des puissances voisines qui appuient tantôt un groupe, tantôt l’autre. Le Pakistan apparaît ici comme le grand trublion. Comment la donne géopolitique influence-t-elle l’avenir de l’Afghanistan?
Le grand spécialiste Barnett R. Rubin élucide ces questions au cours de cet entretien. Tout en brossant le portrait d’un pays qu’il parcourt depuis vingt-cinq ans, il appelle à un sérieux coup de barre dans les stratégies de stabilisation et de reconstruction, sans quoi l’Afghanistan risque fort de retomber dans le chaos.