Un héros est celui qui, par définition, a l’intelligence d’anticiper les événements et la volonté de prendre son destin à bras le corps. Mais si rien de tout cela n’était possible? Et si, pour la plupart d’entre nous, il était déjà trop tard? Comment alors qualifier la résignation? Comment exprimer le désarroi face à son propre destin? Et, surtout, quand faut-il préférer l’oubli au souvenir, la fuite à l’action, la sérénité à la violence ou encore l’ordre au désordre? Voilà ce qu’est la désolation pour les hommes et les femmes qui peuplent ce recueil de nouvelles. Des êtres trop souvent déracinés, rongés par la solitude et la sensation d’être en trop ou de trop, nulle part chez soi et toujours en retrait du monde, en décalage avec le réel. Car pour eux, faute d’être ces héros qui font fi de l’adversité, il ne reste plus qu’à se fondre dans la masse anonyme de la foule, à se retirer du monde tout en acceptant la souffrance comme un perpétuel assassinat de tous les sens.