Plus de vingt ans après Le naufrage de l’université de Michel Freitag, plus de quatre ans après le printemps érable, la nécessité d’une réflexion sur l'éducation ne se dément pas. David Auclair montre dans son essai comment l’autorité (sociale, parentale, professionnelle) a été déplacée vers de nouvelles formes biomédicales et technoscientifiques de contrôle managérial, propres au capitalisme avancé, aussi bien à l’école primaire et secondaire que dans la famille et la société en général. À ce sujet, l’auteur cite Christopher Lasch: «La dissolution de l’autorité ne mène pas à la liberté, mais à de nouvelles formes de domination.» La crainte permanente de voir nos enfants échouer s’explique par une série de dépossessions de nos responsabilités. L’école devient programmée, elle s’enchaîne aux lois du marché et à leurs impératifs objectifs de devoir tout mesurer. Derrière le regard apparemment impartial des experts qui nous parlent d’une pédagogie des compétences, des diagnostics, des médicaments, des tests et des nouvelles technologies se profile un véritable cheval de Troie qui, par le déploiement de ses déterminismes et réductionnismes, nous révèle que la crise de la culture est peut-être avant tout une crise de l’éducation.