La « chose indienne ». Cinéma et politiques de la représentation autochtone au Québec et au Canada

Cornellier, Bruno, La « chose indienne ». Cinéma et politiques de la représentation autochtone au Québec et au Canada , Éditions Nota bene, Fonds (sciences humaines), 2015, 307 p.
Prix : 
29,95 $
ISBN : 
978-2-89518-511-6

Comment se fait-il que le Canada puisse être représenté par des totems indiens à Walt Disney World ou par un inukshuk aux Jeux olympiques de Vancouver ? Il y a indéniablement « quelque chose » d’indien à propos du Canada. Pour survivre moralement et politiquement à son héritage colonial, l’État a besoin de se faire lui-même partiellement indien. Il lui faut ce je-ne-sais-quoi, cette « chose indienne », nommée sans l’être complètement, signalée sans jamais être définie. Cette indianité, bien qu’elle soit interpellée par la présence d’Autochtones, n’a plus besoin d’eux pour se manifester en tant que réalité.

Historiquement, le cinéma constitue l’un des lieux privilégiés où se manifeste cette « chose indienne » prise dans les rets de l’imagination libérale et coloniale qui alimente les velléités de souveraineté du Québec et du Canada. Dans la mesure où une telle capture constitue l’un des principaux exercices politiques de l’État, le présent ouvrage avance une conception de la décolonisation qui ne relève plus de la révélation d’une réalité de l’Indien, cachée derrière sa représentation et ses distorsions filmiques, prête à resurgir au profit d’une « reconnaissance » par et dans l’État souverain. Il s’agit plutôt de comprendre le rapport colonial comme une lutte multipartite entre Canadiens, Québécois et Autochtones, avec pour enjeu de s’emparer du pouvoir exclusif de désigner et de représenter ce (et ceux) que cette « chose indienne » pourra (ou non) signifier et autoriser dans le voisinage colonial du souverain.