Les Juifs ashkénazes s’implantent à Montréal à la fin du XIXe siècle, tributaires d’une longue tradition et héritiers d’idéologies sociales progressistes. Le processus de transplantation se traduit par une logique de responsabilité intergénérationnelle, les migrants et leurs enfants formant le pont entre l’ancien monde du shtetl – la bourgade juive en Europe de l’Est – et le Nouveau monde, qu’ils entrevoient avec un optimisme renouvelé.
Le Montréal des premières décennies du XXe siècle est marqué par les différents clivages ethniques, le triple melting pot confessionnel et deux langues dominantes. La communauté juive ashkénaze s’établit autour du boulevard Saint-Laurent, entre les univers catholiques et protestants. Tout en se fondant sur des assises communautaires, elle s’ouvre aux autres en promouvant le progrès social, en contribuant au mouvement syndical et en participant à la création de l’espace citoyen québécois.