Hors du bleu, comme out of the blue, surviennent les événements inattendus qui déstabilisent les personnages de ces nouvelles. Et hors du blues, au-delà des frontières de cette musique lancinante qui s’acharne sur leurs mauvais souvenirs comme une mouche sur une plaie qui suppure encore. Voilà où nous mène l’auteur: hors du bleu, là où les beaux jours se font aussi rares que les fleurs dans le désert de Sonora, au mois d’août.
Luc LaRochelle a écrit la plupart de ces nouvelles au cours des nombreux séjours qu’il a effectués ces dernières années dans les contreforts des montagnes de Santa Catalina, au sud de l’Arizona. Il s’en prend encore une fois, mais sur un ton plus léger que dans ses œuvres précédentes, aux déchéances, petites et grandes, qui viennent à bout de l’amour. Il nous parle aussi de l’Amérique, tantôt resplendissante, tantôt triste à voir.
[extrait]
Je roulais dans une rue bordée de boutiques délabrées: salons de tatouage, studios d’art martiaux, magasins d’armes à feu, liquor stores aux fenêtres protégées par des grillages et, de-ci de-là, comme pour diluer cette concentration de violence, un salon de beauté ou de coiffure au nom évocateur: African Queen, Eastern Pearl, Latin Goddess.
[p.125-126]