Gabrielle Roy est le premier écrivain d'ici à avoir accédé au statut d'auteur classique. La réception du monde anglo-saxon contribua de manière significative à cette consécration, en particulier par l'attribution du prix de la Literary Guild of America à la traduction anglaise de son premier roman, The Tin Flute. Ce succès eut notamment pour conséquence la traduction en anglais, et parfois aussi dans d'autres langues, des œuvres suivantes de façon presque simultanée à leur parution en français.
Pourtant, la relation de l'auteure avec son lectorat anglophone ou étranger ne fut pas et n'est toujours pas dénuée d'ambiguïtés, ne serait-ce que relativement à son œuvre proprement dite. La grande majorité des lecteurs non francophones accède en effet à son œuvre par le biais de la traduction, ce qui suppose des gauchissements, des déplacements et des recompositions de sens à l'infini, en dépit de toutes les précautions dont Roy, après le succès international de Bonheur d'occasion, chercha à s'entourer, par exemple en révisant elle-même le travail de ses traducteurs anglophones.
Il reste à voir dans quelle mesure ces traductions, qu'elles soient en anglais, en allemand, en suédois, en espagnol, en japonais ou dans d'autres langues, amènent des changements de sens, à cause notamment de la modification des titres, dans les langues cibles des traductions de son œuvre.
C'est une première incursion dans ce vaste territoire en friche qu'ont tentée les chercheurs dont les contributions sont réunies ici, dans le tout premier collectif consacré à l'étude des traductions de l'œuvre de Roy.
Avec des textes de : Tatiana Arcand, Marie-Christine Aubin, Jacqueline Barral, Jane Everett, Petra Franzen, Carol J. Harvey, Claude La Charité et Sophie Montreuil.