Notes éphémères laissées à ma fille : un père est un blasphème, un signifiant incompréhensible qui porte un amour aussi étrange que le fait d’être là pour l’enfant. Voilà d’où je t’aime, Giroflée, depuis ma condition d’apatride, d’abandonné de l’histoire universelle, de déserteur du destin des peuples dans la récession morbide de ma langue maternelle épileptique que je risque d’avaler à tout moment, de ravaler. Le plafond nuageux du Québec est aussi bas que les instruments de vol d’une syntaxe obsolète.
Ce livre est un symptôme, une scène kitsch de William Bougereau avec la description d’une surpopulation angélique insoutenable, un texte placentaire, le carnet de paternité d’un homme de quarante-trois ans qui attend une petite fille dans le tissu ordinaire de sa vie brouillonne, au bout du corridor de toutes ses désillusions.