Comme pour clore le triptyque inauguré avec Poème du décours, le poète nous propose aujourd’hui son Éloge de la mangrove : une ultime et toute aérienne géographie de l’intime qui parfois emprunte le chemin de la traversée de la mémoire des deux îles qui habitent son imaginaire, Montréal et Haïti. Dans la conjonction de vers libres finement ciselés et l’irruption d’une haute prose poétique, voici à l’œuvre le troublant chœur des voix qui hante le propos du poète.
à célébrer mangroves en rituelles nuaisons et exorde du Poème j’embrasse ma ville j’honore la sève amante des commas et des elfes qui coule dans ses artères de néon je redessine ses palétuviers ses érables centenaires dans la clémente tendresse du mont Royal qui nuit et jour veille l’île où dort quiètement L’homme rapaillé et sous la dictée de hurlantes congères j’emprunte l’alphabet de tes paupières un à un j’y moissonne mes petits mythes quotidiens codés dans l’insane fébrilité de Twitter j’y récolte mes béquilles pour étrenner chacune de tes fêlures les miennes égaillées d’un rauque rire ont déjà pris congé d’aubépines