Inondé par les images télévisuelles violentes, exposé à des horreurs qui se déroulent loin de sa maison de banlieue, le Nord-Américain n'a plus qu'une perception virtuelle, décalée et stupidement abstraite de la réalité. Le narrateur d'Écran total, un désœuvré de Calgary aux activités énigmatiques, en arrive à délirer sur le spectacle cruel que la télé lui présente indifféremment. Il tente bien de s'insurger mais, petit à petit, pénètre dans la tête des psychopathes qui lui sont présentés à grands coups d'audimat. Les images prennent alors toute la place, et le monde devient réellement virtuel.
[extrait]
«Moi, pourtant, j'étais du bon côté du manche. Avec des ailes dans le dos… Je me croyais invincible, loin que j'étais de toutes ces putréfactions. Mais j'étais dans la tour quand l'avion est entré dedans. Et dans l'avion aussi. Aux commandes!… L'explosion du siècle! Oh! la chute vertigineuse jusqu'au trottoir, le féerique éclatement, les panaches au vent…»