Qui aurait pu prévoir qu’un mannequin recherché deviendrait la chanteuse d’opéra des années soixante la plus populaire au Québec et au Canada? Le nom de Colette Boky se répand rapidement après qu’elle ait triomphé dans un concours radiophonique. Un premier 45 tours, «Une poupée pour Noël », se vend bien et laisse croire que la nouvelle chanteuse à la magnifique voix de soprano se lancera dans la chanson.
Colette Boky choisit plutôt la «grande musique», qu’elle avait appris à aimer dès son enfance. Après de brillantes études au Conservatoire de musique de Montréal et des leçons privées avec Raoul Jobin, elle envisage une carrière internationale, au moment où elle doit assumer la lourde responsabilité de mère monoparentale, situation plutôt marginale à l’époque. Après Paris, Brême, Munich et Vienne, Salzbourg la découvre à son tour dans un opéra de Mozart, au festival de 1965. En 1967, elle entreprend une carrière de onze saisons au Metropolitan Opera dans le rôle de la Reine de la nuit. Elle s’y produit aux côtés de chanteurs célèbres, dont Renata Tebaldi, Joan Sutherland, Franco Corelli et Placido Domingo. En novembre 1968, elle interprète Musetta dans La bohème quand Luciano Pavarotti fait ses débuts au Met dans le rôle de Rodolfo. La carrière de Colette Boky se poursuit simultanément au Québec, au Canada et aux États-Unis. Elle travaille avec de grands chefs d’orchestre, comme Zubin Mehta, Leonard Bernstein et Charles Dutoit. Depuis 1980, elle enseigne le chant au Département de musique de l’UQÀM et y dirige l’Atelier d’opéra.
La présente biographie relate une carrière riche, autant à l’opéra qu’au concert et en récital. Le lecteur pénètre dans les coulisses parfois mystérieuses des maisons d’opéra. Colette Boky nous entretient de ses relations avec ses collègues, de sa conception des principaux rôles qu’elle a incarnés, de ses prestations devant maints personnages célèbres. Mais, plus encore, ces pages tracent le portrait d’une femme résolue, fonceuse, au franc parler, qui ne craint pas de mettre sa réputation au service de causes qui lui tiennent à coeur. Elle appuiera activement l’option du oui lors du référendum de 1980 et s’engagera dans la relance de l’opéra à Montréal et au Québec. Faisant fi des tabous, elle acceptera de tourner une scène de nu dans un filmopéra, au moment où le théâtre lyrique était encore très sage. Cet ouvrage fera aussi mieux connaître au public la femme derrière la diva, une mère affectueuse et une grand-maman gâteau, sans oublier le roman d’amour qu’elle vit avec le comédien et metteur en scène Jacques Létourneau depuis trente-cinq ans.