Dans Celle qui manque, Camille Allaire présente 25 nouvelles brèves: des instants où tout bascule, des errances parfois fécondes, des abandons inévitables, des voix d’hommes, de femmes et d’enfants assoiffés de vie. Avec une plume qui fait preuve à la fois de retenue et d’une grande force, elle aborde les cassures, les incertitudes, les énigmes. Le lecteur se trouve plongé dans un climat singulier, accompagné par cette voix qui interroge, qui cherche les mots capables de saisir et de comprendre ces détours que prend parfois l’existence.
Un recueil d’une grande beauté, qui fait discrètement son chemin à travers le grave, l’humour et la poésie.
[extrait]
Ma vie se démontait ailleurs, en dehors de chez moi, et je ne m’imaginais rien. C’était une guerre invisible, ou si éloignée que les bombes étaient silencieuses. On a mis la vérité sous mes yeux ce jour-là, toute crue, prête à partir, la vérité certaine, mûrie. J’ai vu un amour répandu sous un autre vent, je ne comprends pas, je répète, je ne comprends pas. Mais les morts se trouvent ici, dans cette maison, entre ces murs, dans ces yeux, les leurs, ceux qui ne veulent pas de deux maisons. Chaque vendredi, la déchirure bicéphale les escorte et ma détresse s’abîme dedans.