Archiver l’anarchie. Le capital de 1969

Julien, Jacques, Archiver l’anarchie. Le capital de 1969, Éditions Nota bene, Fonds (sciences humaines), 2010, 148 p.
Prix : 22 $
ISBN : 978-2-89031-685-0

Lauréat du Prix Alphonse-Desjardins, attribué par l'Association des auteures et des auteurs des Cantons de l'Est

 

À première vue, rien de plus opposé que l’archive et l’anarchie. L’une est compromise avec toutes les hiérarchies dont elle semble même la garantie la plus solide. Alors que l’autre n’est jamais à court d’inventions ou d’invectives pour dresser le poing contre toute autorité. Jacques Julien observe ici leur coexistence dans le domaine de la chanson populaire. Depuis les troubadours jusqu’aux rappeurs contemporains, celle-ci s’est montrée aussi bien servile que contestataire. Par ailleurs, la chanson ne s’exprime pas uniquement dans les mots et les sons du répertoire. Les artistes sont volubiles; les médias veulent en faire des vedettes, des «personnalités», des icônes. Chanteurs et chanteuses se prononcent à hue et à dia sur le monde comme il va. Le dossier est donc évidemment politique.

 

Un premier développement tient à une photo célèbre: celle du trio Brassens, Brel et Ferré. C’était à Paris en 1969, quelques mois après Mai 68, et le cliché illustrait une entrevue donnée par les trois chanteurs. Puis, à ce poster vient s’ajouter l’image de John Lennon et de Yoko Ono à Montréal. C’était aussi en 1969, lors du bed-in de «Give Peace a Chance». Enfin, une dernière affiche montre l’anarchie aux champs, à Woodstock cette fois, en 1969 toujours. Bien sûr, les objectifs des caméras, les microphones et les magnétophones, les articles de journaux, etc. ont conservé ces manifestations variées d’anarchie en des archives qui ne cessent aujourd’hui de se reproduire et de se vendre. Au gré d’anniversaires et de rééditions – on l’a vu en 2009 –, les sœurs ennemies tournoient dans une valse arrangée par les raffinements de la technologie. Quels sont les rapports de ce commerce à l’art et à la politique?