Qu’est-ce que la lecture ? Comment la pratique-t-on en contexte littéraire ?
Cet essai part du principe que la lecture n’est pas un geste unique et constant, qu’on peut décrire simplement à partir des textes lus, mais un acte complexe qui varie selon les contextes, les compétences et les objectifs des lecteurs.
Dans un premier temps, Bertrand Gervais pose la lecture comme une tension entre deux gestes – progresser et comprendre – et il examine les conséquences de cette définition. À l’aide d’exemples tirés de Laurence Sterne, d’Alphonse Allais et de Donald Barthelme, il entreprend de décrire certains phénomènes qui en découlent : les seuils de compréhension, les illusions cognitives, l’amorce d’une lecture littéraire.
Dans un second temps, l’auteur donne à lire Le libraire, roman de Gérard Bessette. Ce texte paru en 1960 a surtout été expliqué dans une perspective nationaliste. Cette interprétation avait fait du personnage d’Hervé Jodoin un premier maillon de l’identité québécoise actuelle. La relecture proposée ici retrace les étapes de cette interprétation consacrée et montre que le roman offre des effets de lecture saisissants pour peu qu’on se donne la peine de le lire sans idées préconçues.