La poésie de Joël Des Rosiers assure la relève générationnelle des grandes œuvres francophones de la Caraïbe : Saint-John Perse, Aimé Césaire et Édouard Glissant. Comme pour ses prédécesseurs, la biographie de Joël Des Rosiers, lauréat du prix de la Société des Écrivains Canadiens, est marquée par l’exil et l’inévitable épreuve de la migration. Jeune, il est forcé de quitter Haïti en raison des pressions politiques qui s’exercent contre sa famille et son itinéraire personnel, ainsi, retrouve l’ignoble obligation de la déportation qui, sur les océans et les mers, pour plusieurs siècles, a marqué le sinistre destin de bien des peuples déplacés contre leur volonté et surtout caractérise l’épopée tragique des peuples noirs. Cette déploration poétique ancestrale qui infuse les thèmes d’« exils », de « retour au pays natal », de nostalgie pour les « terres originelles » et le thème clandestin de reconquête du « paradis perdu », a toujours soutenu les œuvres poétiques de la Caraïbe Francophone. Édouard Glissant a commencé dans son œuvre à interroger le bien-fondé de cette langueur passéiste de la poésie Caraïbe et a proposé, en alternance, « une vision prophétique du passé » qui célèbre le « pays-ci ». La difficile survie entraine l’obligation de curiosité pour le nouveau, la passion pour l’imaginaire qui laisse découvrir l’inconnu, et la volonté de connaissance industrieuse de l’ailleurs. Ainsi, ensemble, dans cet espace nouvellement investi, il est possible d’inventer une nouvelle histoire d’ici-même.
Disponible dans toutes les bonnes librairies près de chez vous le 18 mai