Fresh Kills : gigantesque dépotoir à ciel ouvert situé à Staten Island, resté en activité de 1948 à 2001. Au fil des ans, des montagnes d’ordures, littéralement, se sont érigées, visibles depuis l’espace. Après sa fermeture, la décharge a servi, dans l’urgence, à recueillir les restes du 11 septembre – décombres mêlés aux corps des victimes. Aujourd’hui, le site de Freshkills se transforme en un parc recyclé, le plus grand de New York, construit au-dessus des déchets enfouis. Mais qu’en est-il de la toxicité passée et à long terme d’un tel lieu? Lucie Taïeb est allée le visiter – avec, dans son bagage, Outremonde de Don DeLillo. Dans Freshkills, essai écologique empreint d’une intelligente sensibilité et au souffle poétique, l’auteure raconte son parcours, pousse la réflexion et éveille notre conscience face à ce problème monstrueux : les déchets ne disparaissent pas, ils sont simplement déplacés, hors de notre vue.
« Ce qui me frappe surtout, c’est l’enclave mentale que nous nous construisons, l’illusion d’une ville propre, d’où disparaissent comme par magie tous les déchets, toutes les salissures. […] Les lieux que nous ne voulons pas voir, les séparations mentales que nous construisons entre ici et là-bas (qui peut être juste à côté de nous), sont pléthore. […] Tandis qu’à Staten Island le chantier du grand parc récréatif naturel avance, les tonnes de déchets produits chaque jour à New York sont désormais exportées en Caroline du Sud. »
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