Ce livre marque un important tournant dans l’œuvre de Martyne Rondeau. D’abord dans la forme, toujours exigeante, mais nette comme une flèche tirée dans une cible. Ou comme une balle tirée à bout portant? Ensuite et surtout, parce que ce livre mise sur la rédemption par la peau ; qu’il s’ouvre à la puissance transformatrice du fantasme et même à l’idylle, à la possibilité d’une île paradisiaque où tous les personnages de l’œuvre de Martyne Rondeau rêveraient de se retrancher du monde…
C’est un roman haletant et déroutant qu’offre Martyne Rondeau, son plus vif, son plus simple aussi, son plus humain. Au sens où rien d’humain ne lui est étranger. Est-ce que nous n’avons pas désespérément besoin, de nos jours, d’une histoire où la brutalité du désir, l’incommunicabilité de la douleur, le fossé entre les générations et les sexes ne sont ni écartés, ni minimisés, mais investis, exposés, chantés? Je suivrai tes yeux noirs est le roman de celles et ceux qui veulent survivre.