Un village, Sili, où règne un éternel été. Un jour, y débarque un jeune homme avec l’hiver à ses trousses. Aspirant à une vie plus douce, il tentera par tous les moyens de se réinventer et, pour mériter l’amour de la belle Cerise aux mains si petites, il se donnera pour mission de retrouver la mer, disparue des décennies plus tôt.
Sur ses épaules qui ploient sous le poids d’un passé trop lourd, il verra néanmoins bien d’autres choses s’accumuler: une maison jaune comme un havre, le secret de la fille laide, de grands oiseaux mauves, la mémoire de Betie… Autant de raisons de rester qui deviendront des raisons de partir. Car l’hiver avance, arrive… le rattrape.
Puis une ogresse. Féroce et fragile, seule sur son île dont elle a dévoré les derniers habitants. Avec elle, la neige reprendrait presque ses droits. Presque.
[extrait]
Il me raconte la nuit et le jour qui se confondent, les étoiles trop brillantes. Il parle et c’est comme si je courais dans une forêt avec un vent d’hiver au visage. Il parle et j’ai les pieds froids de tant de neige, le souffle court de tant de course, les larmes aux joues de tant de vent. Il parle et moi aussi je voudrais mourir. Au moins avoir un fusil pour essayer. Je lui tapote le dos.
Je croyais avoir fui suffisamment loin, m’être réfugié dans les bras de l’été infini de Sili. Mais le voilà qui se dresse devant moi, monstrueux, magnifique. L’hiver. Il m’a rattrapé.
[p.36]