Elle a la vie devant elle, lui assure-t-on, sauf que cette vie, avec ses riens sans nombre, son agitation trouble, lui paraît vertigineuse et vaine. Alors, pour échapper au dérisoire, elle s’impose une ascèse qui la consume peu à peu et finit par la conduire à l’hôpital. Là-bas, on s’emploie à la guérir de son anorexie, mais on reste sans doute aveugle à la difficulté essentielle: celle d’assouvir un si féroce appétit d’absolu.
[extrait]
J’ai dix-huit ans en ce joyeux soir de septembre, et je deviendrai minuscule et blanche, détentrice d’un pouvoir magnifique, difficile à expliquer, presque magique. Un pouvoir au-dessus de la raison. Difficile à croire. Il s’agit pour commencer de rapetisser. Je créerai ma mort, doucement. Je ne me ferai pas voir. Elle ne m’aura pas.