L’attention accordée au rêve et la façon dont celui-ci est rapporté dépendent étroitement du statut de la production onirique et des outils cognitifs dont dispose le rêveur. Plus encore que les activités de la vie éveillée, et en raison précisément de la fragilité et de l’instabilité qui le caractérisent, le rêve ne peut être discuté et communiqué que dans le cadre des normes discursives en vigueur dans une société donnée. En ce sens, le rêve est un puissant révélateur culturel, qui met en évidence les attitudes et les croyances communes, ainsi que les configurations symboliques inscrites dans le langage. Le rêveur ne livre de ses rêves que ce que sa culture lui permet d’en dire : un rêve n’est jamais raconté objectivement.
Par son opacité foncière, ses incohérences et son extravagance, le rêve est particulièrement apte à susciter une démarche herméneutique, que conforte la tradition millénaire des multiples clés des songes. Cela fait du récit de rêve un procédé poétique susceptible de tenir diverses fonctions dans l’économie de l’œuvre littéraire. C’est celles-ci que l’on s’efforce ici de préciser, depuis la chanson de geste jusqu’au surréalisme.
Ce recueil sur les fonctions, les thèmes et les symboles du récit de rêve est composé de textes de : Nicole Bourbonnais, Laurence Brogniez, Agnès Conacher, David Décarie, Élizabeth Décary, Ugo Dionne, Gilles Dupuis, Hans Färnlöf, Michel Fournier, Ruth Gantert, Susanne Goumegou, Sophie Jama, Yvan G. Lepage, Daiana Manoury, Andrea Oberhuber, Pierre Pachet, Joëlle Papillon, Francisca Romeral, Christian Vandendorpe et Antonio Zadra.