Comment les « vrais » Montréalais parlent-ils français ? Cette question est plus complexe qu'il n'y paraît. En effet, elle présuppose l'existence d'une communauté linguistique particulière, celle des locuteurs montréalais du français, qui se reconnaissent une identité commune. Mais la notion même de communauté linguistique est floue : faut-il naître à Montréal de parents francophones pour en faire partie ? Et un franco-montréalais natif en reste-t-il membre s'il quitte la ville ? Et qu'en est-il des individus bilingues ? Peuvent-ils se vanter d'une double appartenance à des communautés linguistiques distinctes ?
C'est donc à une réflexion sur la communauté linguistique que nous convie le livre de Michelle Daveluy, à partir de l'examen du français parlé par les Anglo-montréalais au travail – la francisation progressive du Québec depuis les années 1960 a assuré à ceux qui ont appris la langue officielle des bénéfices non négligeables sur le plan professionnel – et par des Franco-montréalais natifs qui ont quitté l'île. Bien que ces deux dimensions soient indépendantes l'une de l'autre, leurs effets se font sentir simultanément sur la dynamique langagière. C'est dire que l'analyse de la communauté linguistique est ici abordée sous l'angle des transformations qui s'y produisent ; les conséquences de ces deux facteurs de changement sont étudiées dans leur ensemble plutôt que séparément.
Cet ouvrage se veut donc une description de la participation des francophones et des anglophones de souche à la dynamique langagière montréalaise, et constitue une importante contribution à notre compréhension des mécanismes d'appartenance à la communauté linguistique.