L’histoire du roman du XIXe siècle apparaît plutôt immuable dans les ouvrages généraux et les anthologies. Néanmoins, une relecture s’impose lorsque l’on s’intéresse à ses marges. Théophile Gautier est l’un de ces écrivains dont l’œuvre romanesque plutôt méconnue, mis à part quelques grands « classiques » tels que Mademoiselle de Maupin et Le capitaine Fracasse, mérite d’être reconsidérée, en raison de son hétérogénéité par rapport aux romans canoniques, mais également en raison du questionnement sur la définition du romantisme qu’elle soulève. Sans prétendre régler une fois pour toutes ce problème de nomenclature, cet ouvrage apporte une contribution marquée à la réflexion sur le romantisme en offrant une synthèse du cycle romanesque de cet autre enfant du siècle, Théophile Gautier.
Si la célèbre formule de l’« art pour l’art » à laquelle Gautier est associé a trouvé ses échos en poésie, notamment chez les Parnassiens, comment peut-elle s’appliquer au roman ? Quelle poétique du roman suppose-t-elle ? L’analyse de l’« ironie romantique », définie comme étant la volonté de représenter l’« art comme art », permettra d’établir l’esthétique de cet auteur dont les romans témoignent d’une lutte constante contre l’esprit de sérieux et les tendances socialisantes du roman.