Dire vaisseau et ça déboule : les histoires commencent, des figures se démarquent, le rythme des vagues entraîne des mots graves et ludiques. Penser le vaisseau oblige à considérer le foisonnement, des pavillons aux îles inconnues, des fruits exotiques aux écueils, en passant par la voile à jamais poétique ; mais cette abondance n’est pas facilité, l’exemple le démontre. Exigence plutôt, et haute, qui revient ponctuelle.
Il existe un grand Poème du Vaisseau, écrit sur la longue période dans plusieurs langues et en plusieurs lieux. Poème traversier, constamment sans origine et toujours à l’avant de soi, il est, comme la métaphore, comme la figure, comme le vaisseau même, un agent de transport ; à son bord, des savoirs, des savoir-faire et des mondes possibles. La modernité, par exemple, – ce qui veut aussi dire « de façon exemplaire » – a représenté ce Poème, par la main de Coleridge, Poe, Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Nelligan et Valéry.