Les projets politiques progressistes ont pour objectif l’émancipation, c’est-à-dire l’auto-accomplissement de chacun dans le cadre d’une aventure collective et solidaire. Ils sont formulés par des penseurs qui mettent leur réflexion au service des dominés et des opprimés. C’est particulièrement le cas d’Hermann Broch et de Daniel Bensaïd dont on évoque ici les contributions aussi originales que puissantes à la compréhension de nos temps d’obscurité.
La littérature, pour sa part, dans ses plus hautes expressions, appelle au dépassement et au partage, en quoi elle est, à sa manière, porteuse d’une espérance qui croise celle qui anime les militants. Les œuvres de Victor-Lévy Beaulieu, de Jacques Ferron et de Pierre Gélinas s’offrent notamment comme autant de témoignages d’une authentique écriture d’émancipation.
Les analyses réunies dans ce livre sont scandées par des textes plus immédiatement engagés qui servent de contrepoints et qui relancent la réflexion sur le terrain de la conjoncture, de l’action et de l’intervention directes. Entre les uns et les autres, on assiste à des interférences, à des chassés-croisés, qui font ressortir les multiples entrelacements de la littérature et de la politique, sphères d’expériences autonomes et profondément imbriquées dans leur commune appartenance à la vie.