Le droit de propriété se trouve constamment au coeur des mutations historiques du capitalisme. Accompagnant l'avènement de la modernité politique, il stimule et structure la révolution capitaliste, car il porte en lui une logique de libération: l'indifférenciation normative. Il forme ensuite la pierre angulaire de l'avènement du capitalisme avancé, lorsque son expansion devient l'affaire des personnes morales et de leur efficacité organisationnelle plutôt que des individus et de leur liberté. Aujourd'hui, il est lié aux nouvelles modalités d'accès caractérisant le capitalisme financier et il est partie prenante, par le biais des droits de propriété intellectuelle et des brevets, d'une mutation qui affecte notre conception du vivant et de la vie. Plus radicalement, il accomplit son processus d'abstraction dans la foulée de la spéculation autoréférentielle de la valeur. Nous permet-il donc de penser réellement, comme au temps de Marx et des «origines du capitalisme», les bouleversements majeurs touchant les rapports de disposition et d'appropriation, les dynamiques de valorisation et d'accumulation, et la domination qu'ils entraînent? Mais surtout, ces rapports continuent-ils d'être aussi structurants sociétalement qu'ils l'étaient alors?
Avec des textes de : Rémi Bachand, Manfred Bischoff, Marie-Pierre Boucher, Michel Freitag, Frédérick Guillaume Dufour, Marc-André Gagnon, Caroline Joly et Maxime Lefrançois.